Ecrit par Jean Albert, Ludivine Tomasso – Editeur: Jacqueline Duband, Emilie Dessens
Jeudi, 23 Octobre 2010 07:21
L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes vient de publier une étude sur l’expérience des femmes et des hommes concernant les abus émotionnels, physiques ou sexuels.
Cette étude, réalisée en Belgique est très intéressante car elle souligne de façon claire les différences de comportements entre les hommes et les femmes lorsqu’ils doivent faire face à la violence et met à mal certains clichés.
L’étude indique notamment que la perception de la gravité attribuée à une situation de violence dépend en grande partie du contexte dans lequel elle existe et, en particulier, que des personnes peu confrontées à la violence perçoivent comme grave des situations de violence qui, selon les critères plus objectifs retenus par l’étude, seraient pourtant qualifiées de modérées (selon une échelle modérée/grave/très grave).
En France, la lutte contre les violences faites aux femmes a été déclarée grande cause nationale en 2010. Il est vrai que la violence contre les femmes reste un phénomène mondial mais bien souvent l’impact sur les hommes est laissé de côté. L’étude note que même si les hommes se plaignent moins des formes de violence qu’ils peuvent subir, les femmes demeurent les plus touchées par la violence.
Il n’en demeure pas moins intéressant d’observer comment la violence affecte les deux sexes.
Les violences commises par un partenaire pendant les douze derniers mois
Les femmes font l’objet de violences plus souvent que les hommes. Environ 14,9% des femmes interrogées reconnaissent avoir subi des violences de la part de leur compagnon contre 10,5% chez les hommes dans les douze mois précédent l’entretien. Il est intéressant de remarquer que les hommes aussi peuvent faire l’objet de violence domestique.
Il faut cependant remarquer que les violences que subissent les hommes sont moins sérieuses que celles subies par les femmes. Environ 5% des femmes qui sont battues par un compagnon estiment subir des abus très sérieux contre 1,7% pour les hommes.
L’étude note aussi que la violence est plus courante pour les femmes âgées de 18 à 25 ans. Peu de différences existent entre les autres catégories d’âge. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le phénomène. Les femmes de 18 à 25 ans se confient-elles plus ? Les relations s’apaisent-elles après un certain âge ?
L’étude souligne aussi que la terminologie utilisée est importante pour obtenir des informations plus complètes sur la violence. Ainsi la référence au terme « femme battue » ne rend pas compte des cas de violence les plus prépondérants. 10 fois plus de personnes subissent des violences psychologiques. On notera en particulier une croissance des violences dites psychologiques qui pourrait être liée à la reconnaissance plus récente de ce type de violence.
Cette étude met également à mal le stéréotype de la personne battue qui reste « coincée » dans un schéma de victimisation. En effet, 90,2% des violences infligées par un conjoint sont passagères et correspondent à des situations particulières. En revanche, pour 10% des victimes, les violences durent plus d’un an. Pourtant, une statistique de l’étude précise qu’une majorité des victimes font face à une situation de violence en se disant « Je me dis que ce n’est pas si grave ou que c’est comme cela dans tous les couples ». Hors ce type de raisonnement peut être associé à un processus de victimisation.
a) Les réactions et la recherche d’aide
Là encore, le rapport présente des différences entre les hommes et les femmes.
Les femmes parlent beaucoup plus facilement des violences subies que les hommes (64,8% contre 39,2% chez les hommes).
On pourrait croire que les victimes plus jeunes parlent moins des violences. Il n’en est rien, plus de 80% des victimes entre 18 et 24 ans parlent de ce qu’elles vivent contre environ 60% pour les autres classes d’âge.
Dans la plupart des cas c’est à un ou une amie que les victimes se confient. 84.3% des hommes qui se confient le font auprès d’un(e) ami(e) contre 79.1% des femmes.
Les femmes se confient plus volontiers à un membre de leur famille que les hommes et ceux-ci se confient encore moins à des professionnels, ce qui souligne bien la difficulté que connaisse les hommes à avouer être une victime. Aucun homme interrogé ne s’est confié à une personne d’un service d’aide.
Une autre note d’intérêt de l’étude réside dans le fait que les victimes flamandes se confient davantage que les victimes wallonnes.
Ceci indique que des différences socio-culturelles peuvent exister au sein d’un même pays et que les politiques d’aide doivent permettre une flexibilité d’adaptation qui prendrait en considération ces différences.