Présentation du projet JAW

Ecrit par Jean Albert et Cécile Pinel

Mardi, 17 Juillet 2007 00:00

Le Tadjikistan – un pays difficile pour les femmes

Comme dans beaucoup de pays en transition économique et sociale, les femmes au Tadjikistan sans avoir de pouvoir de décision, portent néanmoins le lourd fardeau et subissent au premier plan les conséquences de la transition qui s’opère actuellement.
Etrangement, c’est la fin de l’Union Soviétique qui a précipité le Tadjikistan dans une crise économique sans précédent. Le Tadjikistan acquière son indépendance en 1991. Une guerre civile s’en suit. Elle commence en 1992. Elle est traumatisante et confirme l’effondrement des services sociaux et des filets de sécurité et la migration économique.
Les femmes, comme souvent furent les premières et les dernières victimes de la guerre. De nombreux « maris » russes ont quitté le pays laissant femmes et enfants seuls. La guerre civile en fait une guerre principalement entre nord et sud, entre « soviétisme » et « Islamisme », entre clans également.
Cette guerre a conduit aux pires atrocités à l’égard des femmes traitées soit comme des trophées, l’affirmation d’un pouvoir, soit comme la volonté d’écrasement de l’autre, d’avilissement. Comme trophée elles sont mises à la disposition du nouveau clan et mariées à l’un de ses membres, des objets. Comme volonté d’avilissement elles sont violées. Le résultat, un nombre impressionnant d’orphelin(e)s et de cœurs lourds. La fin de la guerre a permis au pays de repartir sur de nouvelles bases. Des générations de femmes ont donc été sacrifiées.
Ce n’est pas fini. Si les femmes ont été malmenées pendant la guerre, elles le seront après. La manière dont elles sont traitées change bien entendu mais leur situation demeure précaire. Le gouvernement affaibli et sans moyens n’a pas pu poursuivre les processus égalitaires entamés durant l’ère soviétique notamment l’accès à l’éducation pour tous. La famille et la religion ont comblé le vide. Par ailleurs, le manque de sécurité économique et parfois physique pour les jeunes femmes a favorisé les mariages précoces et la réapparition de la polygamie. On a donc pu observer un renversement des réussites en matière éducative apportées par l’ère soviétique. Une partie importante de la population féminine ne sait ni lire ni écrire. Par ailleurs, l’affirmation de la langue Tadjik, si positive sur le plan culturel, a entrainé un abandon progressif du russe contribuant de ce fait à un accroissement de l’isolement de cette population. Ainsi de nouvelles générations de femmes sont sacrifiées.
Aujourd’hui le pays renait mais malgré une croissance importante, la situation économique demeure alarmante. Néanmoins, la croissance a permis une reprise timide des programmes d’accès à l’éducation des femmes en proposant non seulement une éducation gratuite mais aussi des bourses d’étude. Ces programmes doivent se multiplier mais en plus de l’aspect économique seul un gouvernement stable permettra de réorienter les femmes vers l’éducation supérieure. En effet, la pression demeure forte pour qu’elles se marient jeunes.

Encourager l’éducation des femmes – l’exemple du centre Savar

A la fin des années 90 le Programme des Nations Unies pour le Développement (« PNUD ») et le Gouvernement tadjik ont mis en place un centre d’éducation, le Centre SARVAR, qui permet à des jeunes femmes, des régions rurales principalement, d’accéder à l’éducation supérieure, à Dushanbe la capitale du pays. Un nombre d’étudiantes sont ainsi admises dans ce centre qui en plus de leur fournir le gîte et le couvert durant l’année universitaire propose l’enseignement du Russe, de l’Anglais et cherche à développer les compétences informatiques, de gestion et de direction (résolution des conflits, construction d’une équipe, droits des femmes, planification familiale, etc.). Le Centre SARVAR organise également des activités extrascolaires pour les jeunes filles et des séminaires sont organisés avec des femmes « leaders » dans divers domaines d’activité afin qu’elles puissent rendre compte de leur expérience.

Maison

Aujourd’hui, le PNUD a réduit son engagement. Ce Projet est désormais principalement financé par le gouvernement tadjik et sa survie dépend de sa Directrice, l’ancienne ministre de l’éducation tadjike Bozigul Dodikhudoeva et d’autres donateurs.

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Bozigul Dodikhudoeva a fait du Centre SARVAR plus qu’un dortoir. Les jeunes étudiantes du Centre le considèrent comme leur « seconde maison » et Bozigul fait figure de « seconde mère ». Une relation très étroite existe donc entre cette femme extraordinaire et les jeunes filles qu’elle prend sous son aile.
Le centre SARVAR fournit actuellement un programme de bourses pour 185 jeunes filles venant de 38 villages de montagne pauvres et isolés. Elles bénéficient d’une bourse pouvant aller jusqu’à 20$ par mois en plus de leur hébergement dans le centre remis à neuf à Dushanbe. Les jeunes filles étudient dans 10 institutions universitaires et dans des matières telles que la Médecine, les Relations Internationales, l’Agriculture, l’Economie, les Sciences, les Langues Etrangères et la Pédagogie. 40 étudiantes devraient être diplômées cette année.
A son ouverture, le centre fut une première et unique expérience visant à améliorer l’accès des femmes des régions reculées du Tadjikistan à l’éducation supérieure. En 2007, un tiers des étudiantes sont orphelines et la plupart viennent des régions les plus pauvres et reculées du Tadjikistan. Les jeunes étudiantes racontent de façon très émouvante comment le centre leur a permis de suivre des études qu’elles n’auraient jamais pensé pouvoir suivre.
Selon les mots de Bozigul de plus en plus de jeunes filles s’engagent dans des cycles longs car le Centre offre sécurité et stabilité, chose rare dans ce pays. Ainsi, plutôt que de poursuivre des études d’infirmières, les étudiantes tentent la faculté de médecine pour devenir médecin voir se spécialiser.
De plus, le Centre fournit des leçons en Russe et en Anglais afin de réduire l’isolement linguistique des jeunes filles et de leur permettre de parfaire leurs études dans des institutions à l’étranger. Les cours d’informatique et de gestion donnent aussi aux jeunes filles un bon point de départ pour une rapide adaptation aux différents programmes d’enseignements, pour élargir leurs horizons ainsi que leur culture et leur savoir.

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Description du projet JAW

Le « Jean Albert Women’s Project » ou « JAW » a pour but de soutenir le maintien et l’agrandissement du Centre SARVAR. En 2007, il a fourni 14 bourses pour des étudiantes sur la base de leurs résultats scolaires. Ce Projet espère pouvoir fournir chaque année un soutien similaire. Par ailleurs, il vise aussi à organiser un accès à des cours de langue française pour favoriser les échanges entre les deux pays et permettre un accès à l’éducation française pour ces étudiantes talentueuses. Le Projet permettra dès la fin 2007 la mise en place de cours de français pour une trentaine d’étudiantes du Centre.
Si vous êtes intéressés par ce Projet, merci de prendre contact avec info@cri-irc.org.

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